Aquarelle et encre de Chine Pour l'homme, créer des humanoïdes parfaitement humains revient à s'égaler à Dieu. C'est Dieu qui est censé être le créateur de toutes choses et, plus encore, être son propre créateur, la " cause de soi " chère aux théologiens. Si l'homme parvenait à créer un robot intégralement humanisé, l'homme serait à l'origine de l'homme, accomplissant à sa manière la perfection divine. Mais le fait même de caresser un tel rêve relève, lui, d'une humanité irréductiblement humaine, faillible : il reflète la blessure d'orgueil ressentie par une simple créature qui n'admet pas de devoir son existence à un autre que soi, d'être inférieure en savoir et en puissance. Les créateurs d'humanoïdes sont comme Adam et Eve devant l'arbre de la connaissance du bien et du mal : ils ne supportent pas leur infériorité, leur méconnaissance des fins dernières, leur impuissance, leur finitude. Seuls des hommes mortifiés de leur faiblesse peuvent avoir l'idée saugrenue de se mirer dans un artefact. Ce qui distingue l'homme d'un robot, c'est que jamais un robot ne sera assez névrosé pour vouloir créer un autre robot. |