Peinture sur toile, encre, gesso, dorure à la feuille (cuivre), 100x100 cm, 2017. Fragment n°1 d'un polyptique.
Le sens, dans l'art, est capital. Travailler ses émotions, son histoire. Œuvrer à réhabiliter le plaisir immédiat de l'oeil. Peindre sur une définition. Sans chercher, ni plus, ni moins, à donner une profondeur dans ce plaisir. De capter par une intensité sensible, l'intellect du regardeur. Le sens d'une oeuvre est sa définition. Le sens d'un mot plonge ses racines dans l'étymologie. Notre langue possède des racines latines. Parfois lointaines mais toujours présentes. Notre société actuelle est troublée par des questions quasi déontologiques. Voiler, se voiler, est-ce se cacher derrière, est-ce se sublimer, s'identifier à une culture, se soumettre, s'affranchir, se différencier? Porter un voile est religieux, mystique, protecteur. Lourd de sens. Tant pour celui ou celle qui le porte que pour celui ou celle qui le voit. Chez les romains, deux milles ans plus tôt, les femmes portaient le voile lorsqu'elles se mariaient. Qu'elles acceptaient le lien avec l'homme. Aujourd'hui, le simple fait de porter un voile est devenu communautariste, souvent de l'ordre du religieux. Et celle ou celui qui voit l'autre porter un voile, peut ne voir plus que ce voile. Bien souvent, peu importe la culture ou l'origine géographique, par volonté de propriété de l'homme, ce sont les femmes qui portent ce symbole. Qui cachent une partie de leurs corps, symbole de féminité. Et pourtant, les hommes peuvent aussi s'arroger le droit de porter une chevelure.
Nubere nubere V. Mot latin signifiant : voiler; se marier est une non-renonciation à cet aspect de la femme. De ce qui fait d'elle une femme. De ce corps qui semble perturber l'autre. Une non-renonciation du symbole qu'est la poitrine dans une culture patriarcale. De montrer sa peau, dans une culture ou l'on se doit de tout cacher. Noir et blanc, parce notre vision du monde est généralement binaire, sans demi-mesure. Et pourtant, en changeant de position, en changeant son point de vue de l'oeuvre, le regardeur se rend compte que ce corps, féminin, qui est caché par le vêtement, devient brillant, qu'il réfléchit la lumière. Que même si, une femme est obligée de cacher ce qui la rend féminine, pour survivre ou vivre, elle est féminine. Elle reste féminine. Cet être ne peut tout simplement renoncer à ce qui est le plus profond dans sa conception personnelle d'elle-même. Un corps féminin. |