Présentation d'Hélène HOFFMAN

D'abord il y a la forêt, l'arbre des contes, les micro-paysages cachés au creux des mousses, les jeux de lumière à travers les feuilles. Là, une ombre s'échappe, se fixe sur une écorce, un personnage surgit. Là, c'est une fée faite (fête) de brindilles entrelacées. Lorsque le regard s'ouvre, la nature lui propose de multitudes de formes évocatrices, étranges ou parfois inquiétantes. Il suffit de regarder, d'imaginer, de ramasser et c'est avec un butin souvent extraordinaire que l'on revient à l'atelier. Il peut en surgir une oeuvre éphémère allant se réinscrire dans le paysage, on peut aussi décider d'inscrire l'oeuvre dans la durée.

Ensuite, les choix s'opèrent lentement presque alchimiquement : quelles branches supprimer, quelle partie sculpter pour laisser émerger ou souligner les figures. Pourquoi ne pas y ajouter des yeux? Trop anecdotique diront les puristes, fantastique disent les enfants. La rêverie est indispensable, les outils, les couleurs, les produits de nettoyage ou de protection aussi. Du temps, il faut surtout beaucoup de temps.

Le temps c'est aussi ce qui amène à la fascination de la pierre : immémoriale, suspendant le présent et pourtant si vivante. Le granite, le marbre résistent. Comment libérer la forme qui est emprisonnée dedans? Comment laisser circuler la lumière? Il ne s'agit plus alors de patience, ni même de technique ou de sueur, mais plutôt de se laisser glisser dans ce lent face à face avec la matière, qui est parfois combat, parfois apprivoisement, parfois simple bonheur.

Il est toujours difficile de parler de style, chaque artiste a son propre regard et sa " patte ". L'important pour moi c'est de conserver un regard neuf, une fraîcheur qui n'empêche pas la réflexion et que d'aucun pourraient rapprocher de l'art naïf. Art singulier? Art brut? Les étiquettes donnent des indications mais prenons garde qu'elles ne nous enferment.
Je recherche avant tout un art accessible à tous, sensible, un art proche des enfants qui sont mon public favori.

Il y a toujours eu des sculpteurs, partout dans le monde, les formes qu'ils ont fait surgir nous accompagnent depuis des millénaires. Je crois que ni un art exclusivement conceptuel, ni la force du numérique (et pourtant j'aime une part du conceptuel, et suis gourmande des nouveaux horizons ouverts par le numérique) ne tariront cette soif de confrontation directe à la matière, à la nature. Mystère.