Démarche artistique de Raimond GUÀRDIA RIERARaimond Guardià Riera est né en 1949 à Barcelone, il est installé à Paris depuis trente ans. Il passe ses vingt cinq premières années dans une Espagne franquiste mais en Catalogne réputée pour son opposition au régime. Son père républicain inscrira d'ailleurs ses enfants dans une école laïque italienne. Ainsi Raimond sera dès son enfance immergé dans une double culture catalane et italienne. On retrouvera l'influence italienne dans sa peinture et dans certains thèmes inspirés par la littérature dont "Perelà" du nom du héros du roman d'Eugenio Montale "L'homme de fumée". On peut-être surpris par le style de cette peinture totalement décalé dans le contexte actuel de l'art contemporain mais sûrement fasciné et admiratif de l'originalité des sujets, de la qualité de l'exécution autant par sa maîtrise de l'espace, la finesse du dessin que par l'harmonie des couleurs. Cette peinture se rattache à la grande tradition italienne du Quattrocento dont le peintre est un fervent admirateur. Préface du catalogue édité à l'occasion de l'exposition
Caché derrière son avatar de chevalier à la double figure, dans une cavalcade effréné ou dans l'immobilité de l'éternité, le peintre dépose ses masques. Au travers de cette sélection de thèmes, Raimond Guàrdia se dévoile. Avant tout Catalan, égaré par les hasards de la vie à Paris, il retrouve son enfance à l'italienne avec Perelà et les exploits de l'UOMO DI FUMO, il crie sa haine des institutions et de toute forme de dictature de l'esprit, monte en dérision l'Eglise comme la Mort dans un vaste jeu de billard. Mais faux jeux sans hasard aux règles de physique intransigeantes, la vie jusqu'à sa fin toujours soumise à la volonté du DEU'BILLAR. Comme chez De Chirico ou Pablo Gargallo, le vivant se décompose pour mieux se recomposer en donnant grâce et force au mouvement ainsi généré. Sa peinture est sous la double influence d'une éducation artistique classique qui l'a rompu à toutes les techniques, et à un parcours professionnel consacré essentiellement à l'architecture. Sa maîtrise de l'espace étonne. La profondeur des perspectives, la précision du trait sont le fruit de son penchant pour la pureté des mathématiques autant que de son talent. S'il a choisit Paris, on sent dans chacun de ses travaux la trace de cette distance à Barcelone, à la Catalogne. Quand celle ci est mise en avant, elle est idéalisée, dans une explosion de couleurs, de motifs sous des ciels immenses, une lumière radieuse, rassurante, enveloppante. Quand Paris prend le dessus, l'éclairage se fait diffus, intime et l'interprétation devient mélancolique ou violente. |