Présentation de Françoise COSMAO"Un artiste que préoccupent surtout le mouvement, la couleur et l'atmosphère. Ces trois éléments demandent nécessairement un contour un peu indécis, des lignes légères et flottantes, et l'audace de la touche".
C'est ainsi que Baudelaire considérait Delacroix lors du "Salon de 1846". Ce sont les mêmes mots qui viennent à l'esprit de celui qui entend Françoise Cosmao s'exprimer sur sa peinture. Elle n'a d'autre but que "d'aller à l'essentiel", et celui-ci passe impérativement par le mouvement, la couleur, l'authenticité. C'est ce qu'elle cherche avant tout dans ses voyages : se laisser envelopper, envoûter, se perdre dans une atmosphère où elle éprouve le besoin impérieux de se ressourcer.
Elle ressent entre l'Inde et la Bretagne comme une connivence, ses bretonnes et ses indiennes sont complices, libérées du temps "elles vivent la même histoire" dit-elle.
C'est cette écriture qu'elle applique sur la toile. Elle se prépare d'abord en imagination : les teintes s'imposent et, autour d'elles, les formes s'organisent. Quand le projet a suffisamment mûri elle dessine trois, quatre, cinq fois, mais il faut que la sixième esquisse soit la bonne, et finalement elle démarre. Des traits d'abord, pour trouver l'organisation de la toile... Et la magie opère, les traits se sculptent et deviennent personnages, des silhouettes anonymes surprises dans les attitudes simples de leur vie quotidienne, mais empreintes d'une grande liberté qui s'épanouit dans les formats les plus grands.
Pourtant ces personnages peuvent s'effacer devant un élément, un espace, dont elle est la seule à percevoir l'importance. Ce peut être un fragment de porte, le détail d'un temple, une tache qui ne revêtira aucune importance au passant qui s'attarde, mais dont elle sentira la force, la puissance, et qu'elle mettra en valeur jusqu'à faire disparaître tout le reste.
C'est alors que l'essentiel mène à l'abstraction. C'est dans l'anecdote qu'elle discerne ce qui est fondamental.
L'abstraction suit un autre chemin, entraîne une autre démarche. Peindre l'abstrait c'est se laisser conduire, se laisser aller sur le cheminement de la couleur. Se laisser guider ainsi en deviendrait presque reposant. "Abstraction et figuratif sont deux faces de ma personnalité qui ne peuvent être associées dans la même exposition" se défend-elle. C'est une période de gestation qui lui semble souvent nécessaire avant de s'aventurer dans une nouvelle recherche, avant de développer une nouvelle perspective.
"Je suis une passionnée, il y a tant de choses à faire et je n'en suis qu'aux balbutiements" ... Son désir d'aller toujours plus loin entretient notre besoin d'évasion.
Arielle Communier. |